Juillet 2022 – Séverine Cavaillès

La peur est une des six émotions de base avec la colère, la joie, la tristesse, le dégoût et la surprise. Tout comme ses copines, elle est spontanée et vous n’avez aucun contrôle sur son apparition : vous ne décidez à aucun moment d’avoir les poils qui se dressent d’effroi et le palpitant qui s’agite 😱
 
Quand elle apparait, c’est pour vous délivrer un message d’alerte : « Protège-toi ! Il y a danger ! » C’est sans aucun doute l’émotion qui aura permis à l’être humain de survivre pendant ces millions d’années. Nous ne pouvons que lui en être reconnaissants 🙏
Aujourd’hui, la peur est un peu au chômage. En effet, aucun félin tapi derrière un arbre pour venir nous croquer à la sortie du métro. Aucun voisin qui nous défie en duel parce que notre chien est venu arroser malencontreusement sa pelouse 😅
Alors oui il reste des sujets de peur. Le COVID en fut un. Le réchauffement climatique en est toujours un. La guerre en Ukraine. Le terrorisme. Etc. 
Mais quand je dis que la peur est un peu au chômage, en tout cas, à l’instant T et en France, c’est parce que nous pouvons nous lever le matin et mener notre vie sans que celle-ci soit menacée à toute moment.
 
Mais il semblerait que la peur n’aime pas le chômage. Elle va donc profiter de ces temps d’accalmie pour fournir à notre mental quelques objets de frayeur et comptons sur certains groupes politiques pour l’utiliser à leur profit. Je n’en dirai pas plus mais je trouve cela choquant que les politiques utilisent l’émotion sensée nous protéger pour nous diviser et nous monter les uns contre les autres 😡
 
Fermons la parenthèse et retrouvons l’émotion « Peur ». Nous disions donc qu’elle est spontanée et sert à nous protéger et à nous éloigner du danger.
Comme toute émotion il est nécessaire de la reconnaître pour pouvoir l’apaiser. Si nous la nions et cherchons à l’étouffer, elle fera encore plus de bruit. C’est le genre à rentrer par la fenêtre si vous lui bloquez la porte.
 
Je vous propose donc quelques outils pour apprendre à nos enfants, à nos jeunes et peut être même à nous-même à accueillir et réguler nos peurs.
 
 
L’ACCUEIL DE L’ÉMOTION
 
Pour pouvoir accueillir l’émotion, il est bien sûr nécessaire de la connaître. Usez et abusez de tous les livres 📚 qui existent sur le sujet et familiarisez vos enfants aux émotions et à leur message. Regardez 🎞 Vice Versa en famille. Parlez-en. Et observez quels sont dans votre corps les signes de l’arrivée de l’émotion 😰
 
Pour vous proposer des outils de régulation, j’ai bien envie de distinguer 2 types de peur : la peur mentale et la peur corporelle.
 
1️⃣ La peur corporelle se manifeste par les battements du coeur qui s’accélèrent et le brouillard qui se forme dans notre cerveau… un peu comme si seule notre peur était visible mais que nous étions incapable d’y réfléchir.
Par exemple, un enfant qui a peur de l’orage ou un adulte qui va rentrer dans la salle de réunion où un groupe de personnes attendent son discours.
 
Pour cette peur, l’idéal est d’agir physiquement :
👉 pour le jeune enfant : vous pouvez le prendre dans vos bras, et dire tout haut ce qu’il ressent dans son corps, « tu as très peur quand tu entends le bruit de l’orage, tu as peur que ça arrive jusqu’à toi, que ça te fasse du mal. Ton coeur bat très vite, tu as envie de te cacher. Tu aimerais bien que ce bruit s’arrête et que ce soit à nouveau le silence…  » Votre voix va se montrer apaisante et il va pouvoir caler son rythme cardiaque sur celle-ci. 
Et quand vous le sentirez plus calme, vous pourrez lui demander ce dont il a besoin pour pouvoir se rendormir malgré l’orage : « veux-tu ton nounours ? veux-tu que je reste à côté de toi le temps que tu t’endormes ? etc.« 
 
👉 pour l’adulte (et à enseigner à tous dès qu’ils sont en âge de contrôler leur respiration) : respirez en cohérence cardiaque. Ça veut dire quoi ? ça veut dire : inspirez pendant 5 secondes, expirez pendant 5 secondes et ceci minimum 6 fois. Cette respiration permet au coeur de se calmer et au cerveau d’arrêter la production de Cortisol puisque vous lui envoyez un message comme quoi vous respirez tranquillement et qu’il n’y a pas de danger. C’est important de stopper le Cortisol. Cette hormone, elle, nous amène à faire focus sur le danger, à ne voir que ça et à être incapable de prendre du recul. Je vous accorde que ça peut être pratique quand une voiture nous fonce dessus mais quand on doit prendre la parole en public, ça va plutôt contribuer à faire d’un public ordinaire, une horde de loups affamés. 
 
2️⃣ Voyons maintenant, la peur mentale. C’est celle qui vous agite les neurones dans tous les sens et qui est liée à l’anticipation des risques. 
Par exemple, si votre fils veut dire à sa voisine de classe qu’elle lui plait, il pense aux risques qu’elle se moque de lui, et pire encore, qu’elle le racontera aux autres et qu’il deviendra la risée de la cour de récréations, etc.
J’ai pris un exemple concernant un enfant mais nous, les adultes, sommes aussi les champions pour nous faire des noeuds au cerveau et en particulier, à propos de nos enfants : s’il ne fait pas ses devoirs avec plus d’assiduité, il ne va pas savoir comment travailler, il n’aura pas son bac, il sera chômeur, et nous l’appellerons Tanguy 😉
Pour apaiser la peur mentale :
Option 1
✋ Mettez-vous debout, une main sous le nombril et dites « Je reconnais ma peur » : c’est comme un moment de connexion à votre agitation mentale, à votre corps
✋ Remontez la main d’un cran et placez-la au-dessus du nombril et dites « J’accepte ma peur » : en faisant cela, vous lâchez cette envie de contrôler ce qui se passe en vous. Vous devriez sentir dans votre corps un relâchement des épaules, du ventre, de vos jambes peut-être.
✋ Enfin, placez la main sur le coeur et dites « j’accueille ma peur« . Quel bonheur de se pardonner d’être quelqu’un qui vit de la peur et d’accepter que cette peur nous ait servi bien des fois, même si dans ce contexte, elle nous empêche de faire ce que nous voulons ou d’être qui nous voulons.
Option 2
✍️ Écrivez vos peurs sur des bouts de papier et détruisez ces bouts de papier en les déchirant ou en les jetant dans une poubelle publique ou en les brûlant… En faisant ce geste symbolique, vous reconnaissez vos peurs mais vous ne voulez pas qu’elles dirigent vos choix.
 
Reprogrammer notre mémoire
Que ce soient les peurs mentales ou les peurs physiologiques, elles reviendront toujours si vous ne vous prouvez pas que vous êtes capable de les vaincre. Pour cela, je vous propose la politique du petit pas. En effet pas question de prendre les armes et de vaincre le dragon 🐲 Commençons par l’escargot 🐌
 
Une fois que vous avez accueilli l’émotion (avec une des options décrites ci-dessus), décidez quelle petite expérience peut-être osée pour affronter tranquillement vos peurs.
👉 Si je reprends l’exemple de l’enfant qui aimerait déclarer sa flamme à sa voisine de classe, il peut commencer par lui proposer de partager son croissant 🥐 et il verra bien quelle réaction a sa dulcinée. Au pire, elle est au régime ou n’aime pas les croissants.
👉 Si je reprends l’exemple du parent qui est très inquiet de voir son enfant peu assidu à ses devoirs, il peut commencer par vérifier que le cadre à propos des devoirs est bien posé et connu de son enfant.
👉 Si je reprends l’exemple de l’enfant qui craint l’orage, il peut commencer par un jour de grand beau temps, à écouter des bruits effrayants avec son parent et rigoler du sursaut que ça lui fait 🤣
👉 Si je reprends l’exemple de l’adulte qui doit parler en public, il peut commencer par se remémorer les quelques fois où il a parlé en public et que ça s’est très bien passé. 
Etc. 
 
Tous les petits pas que nous posons, nous font arriver un peu plus près de ce que nous voulons.