janvier 2024 – Séverine Cavaillès

Déjouer la procrastination

La procrastination, ce mot que nous avons tous entendu maintes fois, prend parfois ses quartiers chez nos ados de manière aussi naturelle que le changement hormonal. On peut être tenté de blâmer la paresse, mais peut-être que derrière ce trait de caractère se cachent des mécanismes plus profonds et complexes.
 
 
🧠 Au-delà de la paresse, comprendre les mécanismes cérébraux
 
Il est tentant de qualifier la procrastination de simple paresse, mais en y regardant de plus près, il devient évident que la question est bien plus complexe. Si nos ados semblent traîner les pieds, c’est peut-être parce que leur cerveau privilégie naturellement l’efficience. Il cherche à maximiser les résultats tout en minimisant les efforts. Avant d’entreprendre une tâche, le cerveau se demande donc : cela va-t-il éviter un problème immédiat, ou bien, puis-je anticiper du plaisir à court terme ?
Si la réponse est non aux 2 questions ou que le oui est trop lointain, mon cerveau va privilégier une autre action permettant, elle, de lui procurer une dose de dopamine beaucoup plus rapidement.
 
Entre parenthèse, la dopamine est l’hormone que le cerveau libère à l’idée de faire quelque chose de gratifiant et c’est sur cette hormone que s’appuie notre motivation. Elle est si délicieuse que nous en voulons toujours plus.
 
🎁 🥊 Créer artificiellement de la motivation : le pouvoir de la récompense et de la punition
 
Face à ce défi du besoin de motivation à court terme, une solution éprouvée depuis des siècles est de créer artificiellement des récompenses ou des punitions. L’idée n’est pas nouvelle, mais son application nécessite une approche subtile.
 
En tant que parents, nous allons enseigner la technique à nos enfants et non l’appliquer. La récompense ou la punition doit être choisie par l’enfant lui-même et dépendre de lui.
 
L’idée est de les aider à créer des récompenses qui apportent un plaisir rapide ou des punitions liées à des problèmes imminents. Comme nous le faisons nous-mêmes en planifiant nos tâches ménagères avec des petites récompenses. Par exemple quand on a du rangement à faire, on peut se dire aujourd’hui je m’attaque aux habits, demain je rangerai la salle de bain, etc. et je ressens de la fierté à stabiloter sur mon planning la tâche terminée, je peux aussi me poser dans le canapé et m’offrir un petit verre de la victoire, etc.
 
Nous utilisons également parfois le levier de la punition qui est encore plus ancestral puisqu’il agite le chiffon de la peur. Par exemple, nous nous menaçons d’être privé de série tant que cette armoire n’a pas retrouvé un semblant d’organisation.
 
🤦‍♀️ Débusquer les croyances
 
Cependant, malgré nos efforts, la procrastination peut persister. C’est ici que les croyances entrent en jeu. Si nous procrastinons c’est peut-être que nous avons la croyance que « si je fais et que ça ne marche pas, je vais avoir la honte, on va me juger, se moquer de moi… » donc autant ne pas faire. Pire encore, il peut se cacher une croyance fondamentale qu’échouer est dangereux.
 
Désactiver les croyances
 
Une fois que nous avons déniché ces croyances, il est crucial de les désactiver. Le protocole que j’utilise est celui enseigné par Caroline Houle, qui combine EFT, PNL et EMDR.
Nous pouvons aussi commencer par lister les ressources dont nous disposons aujourd’hui, mais qui nous manquaient dans l’enfance lorsque ces croyances ont pris racine. Voici déjà une première étape vers le changement.
 
Apprendre la motivation à long terme
 
Et parallèlement, nous pouvons expérimenter de retarder notre dose de plaisir. Par exemple, au lieu de regarder ma série après le diner, je la regarde après avoir diné et lu 10 pages. Elle n’en aura que plus de saveur 😋
Nous exerçons ainsi la fonction cérébrale dénommée l’inhibition « s’empêcher de ».

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